L’art-thérapie

L'art-thérapeute serait en quelque sorte un chercheur de trésors des autres (à la seule différence qu'il n'emmène pas le butin...et le laisse où il est).

L'art-thérapie a pour but d'utiliser la créativité comme un moyen d'expression, comme une possibilité d'inscrire le symptôme sur l'objet médiateur et d'évacuer les tensions.

L'action créative et le cadre véhiculent les axes thérapeutiques.

A travers l'expression artistique, la mise en forme de la matière donne du sens et permet d’inscrire les représentations symboliques. L’objet médiateur devient le support du transfert et le récepteur des introjections.

L'objet permet d'une part de "déposer" des images inconscientes sous forme d'empreintes et d'autre part de tenter de recomposer l'individualité tout en prenant conscience de sa créativité.

Le cadre sert de contenant, les ateliers représentent une coupure avec les éléments quotidiens, ce qui permet de travailler sur la structure.

Le cadre doit tenir compte des éléments culturels, sociaux et parfois familiaux. Il est souple mais pose ses limites, il est adaptable mais ne doit pas se perdre dans des exigences irréalisables.

 

L'art-thérapie est un voyage vers l'autre et avec lui.

Pour "l'art-thérapeute voyageur" il est nécessaire d'être ouvert à la nouveauté et à l'inconnu. La souplesse et l'adaptabilité seront des outils précieux qui lui permettront de travailler dans n'importe quelles conditions. Ce sera aussi, et surtout, un moteur pour prolonger son travail de recherche et dépasser les connaissances accumulées qui pourraient bien le figer s'il n'y prenait garde : "mourir au passé pour permettre au nouveau de surgir".

Le travail en ateliers peut conduire la personne à une prise de conscience, de ses potentialités intérieures, refoulées, ignorées, mal interprétées, et favoriser l'émergence d'une individuation, d'une image plus juste (moins de décalage entre ce qu'elle croit être et ce qu'elle est ).

On parle souvent en art-thérapie de l’effet miroir induit par la création.

Ce que le sujet croit banal et sans intérêt (parfois lui-même) prend de la consistance, non pas à travers un acte spectaculaire, mais par le fait d'une action simple, de mise en valeur d'un "élément-taire" qui se met alors à parler et à raconter une histoire. On pourrait appeler cela, le retour de l'extra "ordinaire".

Il s'agit de se réapproprier certaines parties de soi et de les symboliser dans l'expression artistique.

Il semblerait bien que le processus en art-thérapie qui consiste à favoriser le travail sur l'empreinte (celle subjective de la personne révélée par la création), soit en résonance avec les mécanismes des empreintes sensorielles qui permettent au sujet humain de se construire et de se représenter le monde. Ce parallèle me parait intéressant puisqu'il apparaît que l'homme soit "préparé" biologiquement et psychologiquement à ces fonctionnements d'empreintes. Mais, surtout, la thérapie ayant pour horizon la reconstruction psychique du sujet, elle s'inscrit parfaitement dans ce pourquoi l'empreinte est faite.

La créativité laisse une trace de son passage, de sa présence au monde. Laisser son empreinte c'est s'inscrire en tant que sujet, en tant qu'individu unique. C'est une tentative d'exister, indispensable à la survie psychique, un ancrage au monde qui stabilise et structure, car la matière est réalité. L'objet créé existe pour dire : "je suis là".